Début mars, Le Journal de l’Energie publiait une enquête en deux volets sur les problèmes de sûreté des centrales nucléaires du pays. Ce média indépendant s’appuyait notamment sur des notes internes à EDF, qu’il s’était procurées.
Celles-ci révélaient l’état « dégradé » des groupes électrogènes de secours, dont la fonction est de prendre, en cas de coupure, le relais du réseau pour fournir « l’électricité vitale au refroidissement du combustible radioactif ». Il ne s’agit donc pas d’une mince affaire : à Fukushima, en 2011, ils n’avaient pas fonctionné, ce qui explique en partie l’ampleur de la catastrophe. « Six cents anomalies « actives » étaient signalées sur les diesels de secours en mai 2014 et 458 en mars 2015 », explique Le Journal de l’Energie. Et de s’inquiéter, toujours sur la base des documents d’EDF : « Aucun bilan effectué sur les diesels de secours en 2014 des réacteurs français n’est classé en « état correct ». Tous les bilans des diesels de secours posaient problème en 2014. Ces systèmes de secours sont tous classés : « état à surveiller », « état dégradé » et « état inacceptable ». » Réponse d’EDF à ces très préoccupantes révélations : une menace de procès. Dans une lettre datée du 4 avril, l’électricien exige que le site retire les documents qu’il a publiés, au prétexte qu’il s’agit « de notes techniques à accès réservé à EDF » et que leur publication contreviendrait au droit de propriété intellectuelle. Faudrait-il que les médias se contentent de leurs communiqués de presse ?
LES DOCUMENTS TOUJOURS EN LIGNE…
« Les menaces d’EDF à l’encontre du Journal de l’Energie visent la liberté d’informer, estime Martin Leers, l’auteur de l’enquête. Le Groupe veut censurer des informations qui mettent en évidence un affaiblissement de la sûreté du parc nucléaire français. EDF ne peut pas faire pression sur notre publication autrement que par des menaces légales puisque le Journal de l’Energie ne dépend pas de ressources publicitaires mais des dons de ses lecteurs. » Malgré la menace de procès et les très faibles ressources financières du site, les documents étaient toujours en ligne un mois plus tard. « Ça nous serait insupportable de les enlever, les gens ont le droit d’être informés », insiste Martin Leers. En solidarité, le Réseau sortir du nucléaire a décidé de publier l’intégralité des documents incriminés sur son site . Et L’âge de faire a décidé d’en faire autant.
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